20 - Brève histoire de la peinture flamande
A 14h15 les jeudis 16 novembre, 7 décembre, 11 janvier, 22 février, 28 mars
Salles Saint-Nicolas, 3 rue Jeanne d'Arc, Compiègne
Tarif : 25 €
Conférencière de la Réunion des Musées Nationaux et historienne de l’art et archéologie de l’Université de Louvain
Cinq siècles, cinq artistes, cinq chefs-d’œuvre du XVè au XXè siècle.
Jan et Hubert Van Eyck… mais aussi Rogier van der Weyden
20.1 16 novembre 2023
Jan et Hubert Van Eyck… mais aussi Rogier van der Weyden
Les villes flamandes sont florissantes au XVè siècle et le duc de Bourgogne Philippe le Bon leur concèdent de grandes libertés.
Van Eyck à Gand, van der Weyden à Bruxelles rivalisent d’expertise et répondent aux commandes des souverains mais aussi des riches bourgeois
La Cour du duc de Bourgogne Philippe le Bon est fastueuse grâce à la richesse des villes flamandes comme Gand, Bruges ou Bruxelles, plaques tournantes majeures du commerce européen du milieu du XVè siècle. C’est une époque propice au développement des arts organisés en puissantes corporations.
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La technique de la peinture à l’huile s’améliore et permet d’obtenir une pureté et une luminosité des couleurs, la tendance est donc au réalisme et au rendu méticuleux des figures, des tissus et des plantes.
Le retable de l’Agneau Mystique des frères Van Eyck est considéré comme un chef d’œuvre fondateur. Commandé en 1432 par un riche particulier, il est placé dans la chapelle d’une église qui deviendra la cathédrale St Bavon de Gand.
Dix ans plus tard, c’est à l’Hôtel-Dieu de Beaune qu’est présenté le Jugement dernier de Rogier van der Weyden commandé par le chancelier de Philippe le Bon, Nicolas Rolin et sa femme Guigone de Salins.
Jérôme Bosch et surtout Pieter Bruegel
20.2 7 décembre 2023
Jérôme Bosch et surtout Pieter Bruegel
Les peintures de Jérôme Bosch appartiennent encore à la tradition théologique du Moyen Age et véhiculent l’idée que le monde est une tromperie du diable face à un rêve de Dieu
Par contre, Pieter Bruegel dépasse l’art des primitifs flamands et s’affranchit aussi de l’influence de la Renaissance italienne : son talent narratif et son intérêt pour les gens du peuple en font un chantre de la vie quotidienne.
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Jérôme Bosch représente encore le monde du Moyen Age et sa vision cosmique de l’univers. La nature est une tentation nuisible, une tromperie du diable. Il peint essentiellement des sujets religieux où se côtoient des allégories, la mise en image des croyances populaires, il oppose une terre sans Dieu, pleine de monstres difformes à une terre avec Dieu où la beauté et la lumière triomphent.
Contemporain de Charles Quint puis de son fils Philippe II d’Espagne, Pieter Bruegel initie une nouvelle vision du monde qui place l’homme au centre de ses préoccupations... Sa peinture raconte la vie quotidienne, le travail, la folie, les excès et la sagesse populaire. D’Anvers à Bruxelles, Bruegel fréquente à la fois des érudits et des artistes mais aussi le monde paysan où il participe volontiers à des noces et des fêtes rurales. Son style radicalement nouveau néglige la minutie du rendu, la finesse du modelé au profit d’une véracité exceptionnelle de ses personnages
Pierre Paul Rubens mais aussi Antoine van Dyck
20.3 11 janvier 2024
Pierre Paul Rubens mais aussi Antoine van Dyck
La carrière de Rubens se déroule au cours du règne des archiducs Albert et Isabelle de Habsbourg, gouverneurs de Pays-Bas méridionaux. Parmi les innombrables œuvres qu’il a produites, figure un cycle historique commandé en 1621 par Marie de Médicis, veuve de Henri IV, pour son palais du Luxembourg à Paris.
Antoine Van Dyck, le meilleur élève de Rubens, voyage à l’étranger, principalement en Italie et en Angleterre. Ses portraits remarquables de la famille royale anglaise et de toute l’aristocratie expliquent sa grande notoriété, mais il s’illustre aussi par des œuvres religieuses de grande qualité.
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On retient souvent de Pierre-Paul Rubens ses peintures de femmes bien en chair !
Son exubérance baroque lui vient de ses longs séjours en Italie où il étudie les œuvres de Titien et Véronèse et devient le peintre attitré du duc de Gonzague.
Revenu à Anvers, il est nommé peintre officiel de la Cour des Archiducs Albert et Isabelle. Aidé par un atelier important, son œuvre est considérable, car il peint vite, « plus porté aux grands travaux qu’aux petites curiosités » ! Ses œuvres religieuses sont le reflet pictural des thèmes de la Contre-Réforme mais il est sollicité aussi pour de grands cycles mythologiques ou historiques, comme celui commandé par Marie de Médicis. Aimé de tous pour son érudition et le charme de sa conversation, il jouit d’une position sociale sans égale.
Son élève et assistant Antoine Van Dyck, de 20 ans son cadet, un peu étouffé par le succès de Rubens, préfèrera partir régulièrement à l’étranger où il deviendra le maître incontesté du portrait.
Il s’installe en Italie pendant 6 ans, à Gênes entre autres, puis est appelé auprès de Charles Ier d’Angleterre pour qui il réalisera plus de 40 portraits. Son style combine facilité et élégance décontractée.
Revenu à Anvers au moment de la guerre civile anglaise, il passe quelques mois dans les Flandres et en France mais c’est à Londres qu’il meurt en 1641 où il est inhumé dans la cathédrale St Paul.
Laurent Delvaux, quand la sculpture l’emporte sur la peinture
20.4 22 février 2024
Laurent Delvaux, quand la sculpture l’emporte sur la peinture
En 1713, les Pays-Bas du Sud sont rattachés à l’Empire autrichien
Autant le 17ème siècle a été dominé par d’immenses personnalités comme Rubens ou Van Dyck, autant le 18ème siècle manque de chef de file dans le domaine pictural. La sculpture prend le relais, Laurent Delvaux, très en cour auprès des souverains, s’affirme comme l’héritier de la tradition antique mais aussi de l’esthétique baroque du Bernin.
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Dès 1713, les Pays-Bas méridionaux deviennent autrichiens par transmission familiale des Habsbourg de Madrid aux Habsbourg de Vienne
Le pays connaît une période de calme et d’enrichissement sous le gouvernement du débonnaire Charles Alexandre de Lorraine, chargé par sa belle-sœur Marie-Thérèse d’Autriche de veiller aux intérêts autrichiens mais aussi locaux. Il patronne la création des Académies des Beaux-Arts et participe à l’embellissement de la ville de Bruxelles.
Il fait appel à différents peintres, dont Jacques Oudry, fils de Jean-Baptiste, qui reprend les thèmes animaliers de son père, ou Pierre de Lovinfosse, spécialiste des grands décors intérieurs, ou encore Nicolas de Fassin. Mais peu de personnalités s’imposent ; leurs modèles sont français, italiens, flamands des siècles précédents, dans le cadre des Académies de Bruxelles, Anvers ou Liège.
A défaut de chef de file dans le domaine de la peinture, Laurent Delvaux représente l’art de la sculpture dans toute sa variété. Comme tous les artistes, il a beaucoup voyagé, en Italie bien sûr mais aussi en Angleterre où il va participer à la création des monuments funéraires de Westminster Abbey. A Rome, il se place dans la continuité du style de son compatriote François Duquesnoy, et aussi du Bernin ; les sculptures antiques récemment découvertes sont aussi une grande source d’inspiration. Il s’installe à Bruxelles en 1733 et sera jusqu’à sa mort sculpteur de la Cour.
Son œuvre très abondante, tant religieuse que civile, est une belle synthèse de ce courant international où le rationalisme tempère les tendances plus exubérantes du baroque du 17ème siècle.
James Ensor, … mais aussi Fernand Khnopff
20.5 28 mars 2024
James Ensor, …mais aussi Fernand Khnopff
L’influence de Jacques-Louis David, réfugié à Bruxelles à la chute de l’Empire, se remarque chez les grands peintres portraitistes. Les tendances néoclassiques, réalistes et impressionnistes cohabitent dans la Belgique indépendante depuis 1830. A la fin du siècle, l’expressionnisme, le symbolisme apparaissent, James Ensor, Fernand Khnopff, ou Léon Spilliaert fondent le groupe des XX, puis « la Libre Esthétique »
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Les tendances artistiques dépassent les frontières, l’Empire napoléonien s’étend aux limites de l’Europe avant de s’effondrer. Le peintre David réfugié à Bruxelles influence la génération des portraitistes comme François Navez ou Joseph Paelinck.
A partir de 1830, la Belgique indépendante se choisit un roi qui soutient les avancées économiques, et industrielles du pays, avec l’appui de la France de Louis-Philippe.
Les tendances picturales se succèdent ou se développent parallèlement : Pierre-Joseph Redouté illustre la botanique, Gustave Wappers rejoint la ligne romantique de Delacroix, Henri De Braekeleer peint des scènes de genre intimistes inspirées du siècle d’or flamand ou hollandais, Théo Van Rysselberghe représente le courant néo-impressionniste et pointilliste à la Signac.
Plus innovant se révèle James Ensor que l’on pourrait qualifier d’expressionniste qui crée une peinture où les masques sont omniprésents, reflets de la société et de ses dérives. La mort, l’illusion, la mer, le rire, l’angoisse sont ses thèmes favoris, ses coloris violents sont très novateurs. Avec le peintre symboliste Fernand Khnopff, il fonde le groupe des XX, qui prendra plus tard le nom de « La Libre Esthétique « Les femmes mystérieuses de Khnopff influenceront l’œuvre de Klimt.